Le
permis de construire
Le
délai d'obtention d'un permis de construire est de trois
mois maximum. Au dela, l'autorisation est accordée
tacitement, sous réserve de la
légalité de la construction. Bien sûr,
ça peut être plus court, mais comme nous sommes
dans un site classé, avec une église du
14ème siècle à moins de 500 m, il a
fallu soumettre le permis aux Batiments de France. Le fait
d'être dans une zone classée nous a
obligé à suivre des règles
précises :
- Pas
d'architecture hétéroclite, genre
monastère chinois, igloo ou palais arabe.
- Utilisation
obligatoire d'un enduit gratté (+6000 FF)
- Utilisation
de tuiles de teinte vieillie et nuancée, 22 tuiles au
mètre carré (+10000 FF)
- Pente
maximum de 5% sur 5m pour la descente du garage.
- Pas
de fausses maçonneries décoratives : briquettes
de parement, fausses pierres de taille, ou de murs nus.
- Clotûres
à 1.50m de haut maximum
- Pas
d'arbres à tiges pour les clôtures.
- Pas
de mur aveugle pour les clôtures.
- Un
arbre à tige planté pour 50 m² de
terrain.
- Limite
minimum de la largeur du passage sur le côté de la
maison à la moitié de la hauteur, avec un minimum
à 2,50 m .
Cette
dernière contrainte a fait l'objet du premier litige avec le
constructeur. Lors de l'établissement du plan d'implantation
du terrain, le géomètre qui a fait les mesures et
le plan n'a pas reporté cette contrainte clairement. Une
simple mention "2,50 m minimum" était marquée. Le
constructeur n'a pas lu l'autorisation de lotir qui
précisait la contrainte et a donc fondé tout le
permis de construire, et donc le plan et le modèle de la
maison, sur une fausse donnée. Lorsque le permis a
été déposé, la
préfecture n'a rien vu, de même que les Batiments
de France. C'est la mairie de la commune qui a relevé la
bourde. Pour respecter la contrainte, il a fallu changer de
modèle de maison, et passer sur une construction moins large
et moins haute. Pour conserver la même surface habitable,
nous avons dû ajouter un sous-sol total, ce qui a allourdi la
facture de près de 40000 FF. Enervés par ce qui
nous semblait une erreur flagrante du constructeur, nous avons
envoyé une lettre salée au directeur de la
société, sans passer par le commercial ou son
patron d'agence. Evidemment, ça a été
très mal pris, et le constructeur, le
géomètre et le vendeur du terrain se renvoyant la
balle, tout le monde est resté sur ses positions. En
attendant, nous étions revenus à un
modèle de maison qui correspondait plus à nos
envies initiales, mais qui sortait de notre budget !
Il
a fallu faire un avenant au permis de construire pour le
re-présenter, et faire une modification au prêt
dont nous venions juste de recevoir la proposition à signer.
Beau début... Il a fallu également
présenter un papier manquant à la mairie, la
fiche d'implantation, censée démontrer le
bien-fondé de l'architecture utilisée au vu de
l'environnement. Notre commercial s'est fendu d'un superbe texte de
quatre ligne expliquant que notre maison était conforme
à celles du voisinage... Et ça a suffi !
Malgré
toutes ces histoires, le permis a été
délivré dans le délai de trois mois.
Après quoi, nous avons enfin pu signer chez le notaire. Et
là, les doutes ont commencés à
s'installer. En effet, jusque là, le seul engagement fort de
notre part était le chèque d'accompte (important
!) versé pour le terrain. Si nous nous retirions, ce
chèque serait perdu, mais nous restions
propriétaire de notre maison actuelle. Après le
passage chez le notaire, tout est différent. Le
prêt de la première maison est
remboursé, et le nouveau prêt est
lancé. L'ancienne maison ne nous appartient plus, elle est
la propriété de la banque grâce aux
hypothèques. Et la nouvelle n'est pas encore construite. Il
n'est plus possible, à ce stade, de se rétracter
et de vouloir revenir à la case départ.
L'attente
commence
Après
l'importante étape de la signature, commence l'attente.
Chaque jour qui passe nous rapproche de l'emménagement dans
la nouvelle maison. C'est pourquoi nous guettons avidement chaque
évolution du chantier. Une semaine après la
signature, nous avons rencontré notre futur chef des travaux
et établi avec lui les finitions de la maison : carrelages,
porte d'entrée, et finalisé le plan avec les
placards, les évacuations d'eau et l'emplacement de la
chaudière. Ce jour là, nous avons fait une
erreur. Dans tout contrat de construction, il y a une assurance
obligatoire. C'est l'assurance dommage-ouvrage. Payée par
l'acheteur, elle lui garantit que la maison sera achevée,
même si le constructeur dépose le bilan. Elle
nommera pour cela un constructeur de remplacement. C'est cher, (plus de
18000 FF dans notre cas) mais nécéssaire et
rassurant. Nous avons fait entrer cette somme dans le prêt de
la maison. Pourtant le chef des travaux nous a demandé un
chèque pour payer l'assurance avant de commencer les
travaux. L'erreur est d'avoir fait le chèque au lieu de lui
dire de s'adresser directement à la banque. Nous avons
dû lui demander de ne pas déposer le
chèque avant une semaine, le temps pour nous de demander
à la banque de nous faire le virement correspondant. Mais la
banque n'a rien voulu savoir. Elle voulait une preuve qu'il s'agissait
bien du paiement de la dommage-ouvrage, ainsi que d'autres documents
sans lesquels elle refuserait tout débloquage de fonds !
Mais si je n'avais pas appelé, personne ne m'aurait
prévenu qu'il manquait des papiers, et le constructeur
n'aurait pas pu obtenir les fonds pour commencer le chantier ! Devant
les difficultés pour obtenir le virement, ma femme appela le
chef des travaux pour obtenir un délai
supplémentaire pour le dépot du
chèque, ce qu'il lui assura sans problème. Quelle
ne fut pas notre surprise, quelques jours plus tard, de recevoir un
appel du gestionnaire de nos comptes bancaires, demandant comment il
pouvait honorer le chèque de 18000 FF qui venait de lui
être présenté ? Après un
montage financier hasardeux, qui nous a évité
d'être inscrit à la Banque de France comme mauvais
payeurs, nous avons bien sûr appelé
immédiatement notre constructeur pour lui faire part de
notre mécontentement. Et là,
étonnement, pour eux, rien d'anormal. Le chèque a
été déposé après
la semaine initialement demandée. Et quid du coup de fil
demandant d'attendre encore ? "Mais personne ne nous a
appelé !" nous fut-il répondu. Devant tant de
mauvaise foi, nous avons à nouveau saisi notre plume des
grandes occasions pour, sous les conseils de notre commercial,
écrire notre déconvenue au directeur de la
société. La réponse fut cinglante :
"Il me faut constater que la situation ne me parait pas favorable
à la poursuite de votre projet de construction avec notre
société.". En résumé, il
nous proposait d'arrèter la construction ! Hors de question.
Comme je l'ai dit plus haut, ce serait un désastre
financier, en plus d'un echec moral important. Dans la lettre, nous ne
parlions pas uniquement du problème du chèque,
pour lequel c'était la parole du chef des travaux contre la
nôtre (même si notre facture
téléphonique détaillée
prouve que nous l'avons bien appelé le jour dit !), nous en
avions également profité pour signaler quelques
bizareries. Par exemple, lors de l'établissement du contrat,
notre commercial a calculé un volume de terre à
enlever de 230 m3. Or, lors de la première rencontre avec le
chef des travaux, celui-ci recalcule et trouve 330 m3. A 1000 FF le
camion de 10 m3, c'est 10000 FF de plus qu'il nous faudrait financer,
en plus du prêt ! Après une courte
période de flottement où chacun a
campé sur ses positions, nous avons tenté une
réunion de concertation avec le directeur de l'agence
locale. Nous avons finalement obtenu le recalcul du volume de terre
à enlever à300 m3, et le paiement de la
moitié de l'enlèvement de la terre, soit 3500 FF
à notre charge, et quelques autres bricoles. Les travaux ont
enfin pu commencer, près de trois mois après le
passage chez le notaire !
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